«J’essaie de peindre avec le sérieux d’un enfant qui joue.» Cette phrase de Picasso, le pianiste français Paul Lay en a fait sa devise, son mantra, dit il. Un mantra qui prend tout son sens à l’écoute de son dernier album, «Full solo». Comme son titre le laisse aisément deviner, il s’agit d’un enregistrement en solo absolu, sans autres musiciens. Ce qui est bien plus difficile à deviner, c’est qu’il s’agit d’un album en hommage à… Beethoven. Le pianiste y reprend des pièces du grand compositeur allemand et y ajoute certaines de ses propres compositions, inspirées par Beethoven.

On en voit déjà qui tiquent: «Encore un de ces virtuoses stériles qui croit qu’il suffit de jouer des pièces classiques en swing pour en faire du jazz, pouah.» Et bien non. Parce que Paul Lay a choisi une approche différente, beaucoup plus fine et respectueuse du matériau d’origine. Plus ludique, aussi. Dans son interprétation de la célèbre «Lettre à Elise», se glissent quelques «blue notes», d’abord très discrètement, puis de manière plus appuyée, alors que les harmonies deviennent plus tendues. Il y a une touche de gospel dans le jeu du Français, de blues aussi. On pense évidemment à Keith Jarrett, même si la voix de Paul Lay lui est propre. Prenons un pari: ce concert devrait ravir aussi bien les fans de jazz que les amateurs de Beethoven.