Le pianiste d’Yverdon Colin Vallon est un phénomène. Un virtuose qui a su se tracer un chemin, loin de toute démonstration technique, en cultivant une sorte de minimalisme bien à lui. Son talent lui a valu de signer sur le mythique label allemand ECM, cher au cœur des amateurs de jazz lyrique et éthéré.

Mais le lyrisme de Colin Vallon, grand admirateur de Brad Meldhau, n’a rien d’ennuyeux. Sans cesse, le musicien navigue entre consonance et dissonance, entre lyrisme et tension, construisant et développant ses morceaux comme de véritables histoires sonores.

A ses côtés, deux musiciens d’exception. Deux amis de longue date aussi, puisque le pianiste a fondé son trio avec eux il y a 25 ans déjà. Contrebassiste tout-terrain, Patrice Moret a joué avec un nombre incalculable de musiciens et musiciennes, dont les pianistes Thierry Lang et Malcolm Braff ou la chanteuse Elina Duni.

Quant au batteur et percussionniste Julian Sartorius, il est autant à l’aise lorsqu’il accompagne la chanteuse Sophie Hunger que lorsqu’il donne des concerts solo dans une veine beaucoup plus expérimentale.

Ensemble, les trois musiciens jouent comme un seul homme, tant leur entente et leur complicité frisent la télépathie. On est loin du trio traditionnel, où chacun déroule son solo l’un après l’autre. Ici, la musique se construit en commun, à partir de motifs tout simples qui prennent de l’ampleur au fil du morceau. Du grand art.