Ikarus n’est pas un groupe de jazz. Enfin, si, mais pas seulement. En fait, ce quintet zurichois brouille les pistes. Commençons par son instrumentation: Ikarus, c’est une chanteuse (Anna Hirsch) et un chanteur (Andreas Lareida), accompagnés par la traditionnelle section rythmique piano-contrebasse-batterie (Lucca Fries, Mo Meyer et Ramón Oliveras). Deux vocalistes et une section rythmique, c’est de la pop alors? Non, enfin un peu, mais pas vraiment. Parce que les vocalistes, ils ne chantent pas de paroles. On pourrait dire qu’ils ont une fonction instrumentale, qu’ils fonctionnent un peu comme un paire de saxophones, un alto et un ténor. Ah, donc c’est quand- même du jazz? Oui et non, on vous dit. Parce qu’ils ne font pas non plus de long solos en faisant doo-bop. En fait personne ne fait vraiment de solos. Bon, mais s’il n’y a pas de solos, c’est finalement de la pop, alors? Pas vraiment, parce qu’il y a bien de l’improvisation, mais collective. La base de la musique d’Ikarus, ce sont des grooves, ou des riffs, appelez ça comme vous voulez, des motifs rythmiques qui se superposent, se transforment, évoluent. Pas étonnant, d’ailleurs: c’est le batteur Ramón Oliveras qui compose tout. Oups, de la polyrythmie, c’est une musique d’intellos alors? Pas du tout, c’est très dansant en fait. Imaginez la chanteuse Camille, dédoublée, qui serait accompagnée par les Headhunters, mais version acoustique. Vous vous représentez la chose? Non? Alors une seule solution: venez vous rendre compte sur pièce.