Le saxophoniste franco-suisse Léon Phal fait partie de cette génération de jazzmen qui a grandi en écoutant non seulement du jazz, mais également du funk, de la soul ou de l’electro. Bref, des musiques qui groovent. Et question groove, le quintet ne fait pas les choses à moitié. La section rythmique composée du batteur Arthur Alard et du contre-bassiste Rémy Bouyssière est redoutable, puissante et souple à la fois. Sur cette fondation, le claviériste Gauthier Toux (que les habitués des Murs du son connaissent bien) ajoute ses nappes et ses arpèges assaisonnés d’échos et de réverb, pour offrir à l’ensemble un son plus aérien. Enfin, le trompettiste Zacharie Ksyk et Léon Phal rivalisent d’audace dans leurs solos, portés par la vague de son que leur offrent leurs compères.

La grande force du groupe, c’est de ne jamais lasser. Les beats drum’n’bass ou house, véritables moments de transe, cèdent régulièrement la place à des passages plus calmes, qui permettent de relancer la machine et par là-même l’intérêt de l’auditeur. Et la puissance de la musique ne se fait jamais au détriment de l’harmonie ou de la mélodie, toujours très soignées. On pense à Roy Hargrove, Erik Truffaz ou Julien Loureau, même si le quintet a trouvé un son qui lui est propre. De quoi réconcilier les aficionados des dancefloors et les habitués de caves à jazz.