On aimerait pouvoir faire avec le Trio de poche comme avec la collection littéraire du même nom: l’emmener avec soi partout où l’on va. A défaut, c’est lui qui nous emmène, nous entraîne dans le tourbillon de ses morceaux parfois percutants, parfois déjantés, évoquant tour à tour un groupe de rock survitaminé ou une fanfare déglinguée. Le Trio de Poche est né de la rencontre du saxophoniste chaux-de-fonnier Lionel Perrinjaquet et du batteur Dominic Frey durant leurs études à l’école de jazz de Montreux. L’idée de monter un trio composé de deux souffleurs et d’un batteur s’impose assez rapidement aux deux compères. En choisissant le trompettiste Frédéric Stalder comme second souffleur au lieu d’un trombone, il y a d’abord le refus assumé des conventions. Et surtout, l’envie de tirer parti des contraintes d’écriture très stimulantes induites par la confrontation du registre grave du saxophone baryton et du médium aigu de la trompette. Le Trio de Poche a un répertoire constitué de compositions personnelles dans lesquelles une grande attention est portée à l’aspect rythmique. Boucles, décalages, étirements/resserements sont les éléments constitutifs de mélodies répétitives ou plus élaborées. Le groupe trouve sa voie dans les contraintes qu’il s’impose et atteint un équilibre tout en délicatesse. L’ironie du titre de leur premier album – «Non raffiné», sorti sur Unit Records – colle parfaitement à l’état d’esprit qui anime le groupe. Mais c’est tellement savoureux ainsi.