A la fin des années 2000, un nouveau courant musical s'établit sous l'impulsion de groupes français qu'on nomme «french touch». Il s'agissait en fait d'un habile mélange de samples et de funk froid, noué autour des sons vintages de synthétiseurs. ME & MOBI est parti pour lancer un autre courant: la «swiss touch». Ce duo utilise tous les artifices et effets préférés des DJ's (MPC, TR 909, flanger, slice, chorus, detuning) pour les appliquer par fines couches de galvanoplastie sur les timbres naturels des instruments. Aux claviers, Philippe Schlotter envoie des nappes spatiales, des ondes sinusoïdales ou à dent de scie dignes des univers de Marc Moulin ou de Kraftwerk. La forme est assurément electro, mais le fond est jazz, soutenu par une batterie aux sonorités naturelles, mais aux rythmiques déferlantes d'Ibiza. Collin Vallon partage avec enthousiasme: «Me & Mobi prouve encore une fois que le jazz a bien plus besoin de guerilleros que de bons élèves.» Comme il a raison. La transe n'a pas de couleur ni de nationalité, c'est un état universel d'élévation. ME & MOBI transcende le jazz en transe urbaine et montre qu'il est une matière sonore résiliante: il retrouvera, d'une manière ou d'une autre sa structure authentique. La capacité d'innover de ce duo convainc sans relâche et la swiss touch mérite d'être découverte.
Philipp Schlotter: Pianos, Synths
Fred Bürki: Batterie